L’application du Lean Management au service des projets de construction

Le lean construction sur les chantiers

Principes du Lean Management

Le Lean Management est une approche qui cherche à optimiser la productivité et la qualité des produits ou des services produits par un processus de recherche continue d’efficacité et de simplification des procédures.

Cette méthode, qui s’inspire des principes de gestion de la chaîne d’approvisionnement, née dans les années 70 chez Toyota, est basée sur les principes de «pull» et «push».

Elle vise à faire la chasse aux coûts inutiles. C’est-à-dire, elle supprime tout désordre qui n’apporte aucune valeur ajoutée au client. Comment ? En s’attaquant à réduire les temps morts, causés par un manque d’approvisionnement ou une erreur de synchronisation des plannings. Cette méthode permet d’éviter les défauts techniques qui nuisent à la qualité, donc à la satisfaction du client. Le Lean Management cherche à améliorer la communication entre les différentes parties prenantes pour s’assurer que la date de livraison soit respectée avec la qualité attendue.

Appliquée à la construction, il s’agit de limiter le gaspillage généré lors de chaque chantier, que l’on parle de perte de temps ou de perte de matériaux. Le Lean Management s’est transformé en Lean Construction (une fondation prône ses principes, il se nomme Group for Lean Construction,). En France, cette méthode est apparue depuis une vingtaine d’années. Une organisation du travail agile qui s’efforce d’agir contre le gaspillage. En d’autres termes, faire plus avec moins. Le manque de main d’œuvre dans le BTP adossé à la conjoncture sur les matériaux de construction sont deux facteurs qui ont favorisé l’adoption du Lean Management sur les chantiers.

Nous vous éclairons sur les bénéfices de l’exploitation du « lean construction », appellation utilisée pour parler de ces méthodes agiles appliquées aux professions du bâtiment.

Comment le Lean Management peut être utilisé pour rendre les chantiers plus performants

Objectifs visés par le Lean Management adapté au chantier ?

Dans le secteur de la construction, cette démarche collaborative suivant une structure agile est transposée jusqu’à la livraison des projets. Les objectifs du lean construction sont ainsi directement liés aux bénéfices que vous pouvez en tirer, que vous soyez maître d’œuvre ou architecte :

  • Améliorer la performance en identifiant les différentes sources de gaspillages.
  • Optimiser les espaces de stockage ainsi que les ressources sans surproduction et veiller à la qualité du produit tout au long du processus de production. 
  • Une réduction des coûts grâce au gain d’efficacité des équipes agiles et aux pertes évitées.
  • Impliquer chaque maillon de la chaîne de valeur pour une production collaborative, ce qui induit un meilleur avancement opérationnel.
  • Fluidifier la communication et la collaboration entre le chef de projet et ses équipes, entre l’entreprise et le client.
  • Être davantage présent pour le client, en devenant plus agile et réactif au regard de leurs sollicitations. 
  • Un projet de bout en bout de qualité (produit livrable et livraison finale).

Le Lean Management peut offrir des avantages significatifs à tous types de projets de construction. Il a pour but l’amélioration continue des processus pour atteindre l’excellence opérationnelle. Le résultat ? Maximiser la valeur pour le client tout en minimisant les gaspillages.

Le Lean Construction avec ses trois leviers (Coût/Délais/Qualité)
Le Lean Construction avec ses trois leviers : Coût/Délais/Qualité

Principales sources de gaspillage

  • Production excessive
  • Les temps d’attente
  • Les stocks
  • Les mouvements
  • Transports inutiles
  • Les non-conformités à corriger 

Quelles sont les étapes pour mettre en place le Lean Construction sur vos chantiers ?

La première étape de la mise en œuvre du Lean sur des projets de construction est l’identification des processus de production qui peuvent être améliorés sur les chantiers.

Comment identifier les étapes à optimiser ? En partant du principe que l’on mesure ce qui peut être amélioré. Il est nécessaire tout au long du suivi de chantier que le maître d’œuvre (MO) collecte et qu’il fasse remonter auprès du maître d’ouvrage des indicateurs clés de suivi pour évaluer la performance d’un projet de construction.

Six Indicateurs de performance clés à suivre pour améliorer la performance d’un chantier

Temps de cycle : ce KPI mesure le temps nécessaire pour effectuer une tâche spécifique, de la planification à la livraison. Il permet de détecter les retards et les gaspillages pour améliorer l’efficacité en termes de temps.

Taux de réalisation : ce KPI mesure le pourcentage de tâches planifiées qui ont été achevées à temps. Il permet de suivre la progression des travaux et d’évaluer les retards cumulés.

Taux de qualité : ce KPI mesure la qualité d’exécution des travaux par rapport aux spécifications du projet. Il permet de s’assurer que les travaux sont effectués conformément aux normes des qualités requises. Il est souvent mesuré au taux de réserves émises/lot.

Taux de sécurité : ce KPI mesure les incidents de sécurité sur le chantier (accidents du travail). Il permet de suivre les performances en matière de sécurité et de mettre en place des actions correctives en cas de besoin.

Coûts : ce KPI mesure la performance financière du projet, tel que les coûts de main-d’œuvre, les matériaux, des déchets (PEMD), les équipements. Il permet de suivre les dépenses et de s’assurer que le projet reste dans le budget.

Niveau de satisfaction des clients : ce KPI mesure la satisfaction des clients en fin de projet. Il permet d’évaluer la qualité du projet et de la relation avec les clients. Il dépend souvent du respect des délais de livraison et de la qualité des travaux.

Analyser la performance sur votre tableau de bord

Il est indispensable de centraliser ces données sur un outil collaboratif de gestion de projets. Ce tableau de bord permettra d’identifier les étapes du chantier sur lesquelles les retards ou un nombre de réserves sont plus importants.

À lire : Comment mieux les gérer les réserves sur vos chantiers ?

Une fois ces processus analysés, le prochain pas est de développer des méthodes pour améliorer l’efficacité sur vos chantiers.

Comment le Lean chantier peut aider un promoteur à mieux produire ?

En mettant en œuvre des méthodes Lean Management sur les chantiers, le promoteur peut réduire les délais de livraison et les coûts de construction, tout en assurant une meilleure qualité et une plus grande satisfaction des clients. De plus, le Lean chantier permet de minimiser les risques et les non-conformités, ce qui est particulièrement important pour les promoteurs qui doivent livrer des programmes immobiliers à temps et dans les délais convenus.

Une meilleure communication aide à résoudre plus rapidement les problèmes sur les chantiers et à limiter les retards. En mettant en œuvre des principes Lean, les promoteurs peuvent améliorer la qualité, réduire les coûts et améliorer l’organisation avec leurs partenaires (la maîtrise d’œuvre et les entreprises de construction). Cette méthode aide à réduire les retards et les défauts, ce qui est essentiel pour assurer une livraison de qualité. Par exemple, si l’ouvrier n’a pas le bon plan (à jour), cela engendre du gaspillage de temps, de matériels et d’argent. L’ouvrier devra alors revenir pour réparer, voir remplacer le produit non conforme ce qui aura un impact sur la planification. Cette erreur peut engendrer d’autres erreurs des entreprises qui passent après.

5 outils du Lean Construction pour optimiser le déroulement d’un chantier

1. Planification collaborative lors des réunions de chantier

La collaboration entre tous les intervenants passe par une bonne communication. Il est important d’avoir un planning collaboratif, révisé à chaque réunion de chantier. Chaque intervenant indique au plus juste les durées nécessaires à la réalisation des ouvrages, en respectant l’ordre d’intervention de chaque corps d’état. Un outil collaboratif de type Gant assure une meilleure gestion des ressources et évite le risque d’erreur et donc de retard.

2. Optimisation de la gestion des ressources et des flux

Il convient de faciliter la gestion des flux. Beaucoup de matériaux, ouvriers, matériels, engins, déchets transitent sur les chantiers. Le responsable QHSE (ou à défaut le maître d’œuvre) doit définir des zones de stockage et le fléchage des circulations, en mettant en place un « plan d’installation dynamique du chantier » pour garantir une gestion des flux (rien de pire que pour un ouvrier de perdre du temps à chercher du matériel) et éviter tout risque d’accident (une échelle sur un passage) qui viendrait entraver les opérations.

3. Organisation des plans en zone

L’exécution des travaux se compose de plusieurs opérations successives d’intervenants. Organiser le chantier en zone permet de lutter efficacement contre les temps morts. Au lieu d’attendre que le gros œuvre soit terminé sur tout un étage avant de faire intervenir le plâtrier, le plan est découpé en plusieurs zones (A,B,C), ce qui laisse au plâtrier la possibilité d’intervenir plus tôt, par tranches de X lots. Ce qui garantit le respect des délais.

4. La méthode des 5 S

Elle est utilisable en phase chantier, dépôt ou dans les bureaux de la société :

  • Supprimer l’inutile (trier).
  • Situer les choses (ordonner).
  • Faire Scintiller (nettoyer).
  • Standardiser les règles (pour le maintien des 3 S précédents).
  • Suivre et ajuster l’environnement créé (pour maintenir le système établi).

5. Les 5 pourquoi 

Chaque problème détecté doit se voir appliquer la méthode des 5 pourquoi, dans le but de trouver la source profonde de la problématique et de traiter la cause durablement. Prenons un exemple : 

Problème de qualité dans le bureau. Pourquoi ?
Parce que l’entreprise X a bâclé la tâche. Pourquoi ? 
Parce qu’il manquait de temps. Pourquoi ? 
Parce qu’il a été prévenu en retard. Pourquoi ? 
Parce que le projet a mal été anticipé. Pourquoi ? 
Parce qu’on ne dispose pas d’outils de gestion de projet appropriés. 

C’est donc sur cette dernière réponse qu’il faut travailler : trouver le moyen de planifier et adopter des outils de project management.

Bon à savoir : Il existe d’autres dizaines d’outils d’amélioration continue lean. Nous vous avons cité ci-dessus les plus adaptés au développement agile dans le secteur de la construction.

Les avantages de l’application du Lean Management à la construction

L’application du Lean Management à la construction permet de respecter les délais et les budgets impartis. C’est également une pratique qui favorise l’organisation « horizontale » sur les chantiers, les meilleures solutions viennent souvent du terrain. L’esprit collaboratif est essentiel. Il permet de se mettre dans une dynamique d’amélioration continue, ce qui motive les ouvriers. Rien de plus démoralisant pour un ouvrier de détruire puis refaire son travail à cause d’un problème qui aurait pu être évité.

Si vous souhaitez former vos équipes au Lean ou tout simplement en savoir plus, Batiscript vous conseille deux organismes : l’Association Lean Construction (Aleco) ou encore l’Institut français de la Construction Lean. Pour vous permettre de mesurer vos progrès et construire votre tableau de bord sur un seul outil : BatiScript.

FAQ : lean management

Pourquoi le lean construction ?

La mise en place de ce business process pour vos projets de constructions est utile si vous cherchez à économiser sur plusieurs plans : le temps, l’argent, les ressources, l’énergie. En d’autres termes, le lean construction permet d’améliorer l’efficacité du processus initial en appliquant une méthodologie adaptée basée sur le fonctionnel et l’agilité d’esprit.

Quels sont les 3 ennemis du lean management ?

Le Muda (le gaspillage), le Mura (l’irrégularité) et le Muri (l’excès) sont les 3 M, aussi désignés les « dragons », de la philosophie du lean. La mise en œuvre de méthodes lean dans une entreprise, vise justement à éliminer ces sources de déperditions de valeur.

Comment l’entreprise devient lean ?

Une société devient lean à mesure qu’elle développe son niveau d’agilité. Elle avance pas à pas, avec volonté et efforts constants, vers l’acceptation et la compréhension de chaque collaborateur ou client. C’est ce que l’on appelle l’engagement Kaizen, signifiant « amélioration continue » en japonais.

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